FLASH-BACK, Anchorage – 2005.
Cette année-là, j'avais dix-huit ans. Et c'est réellement à partir de ce moment que tout a commencé. J'étais en dernière année, au lycée. Autant dire que j'avais hâte de quitter l'établissement. D'autant plus que je ne connaissais personne. Je ne savais pas comment l'administration s'était débrouillée pour former les classes. Mais dans tous les cas, ils avaient vraiment fait n'importe quoi. Aussi étonnant que cela pouvait l'être, j'étais tombée dans une classe où je ne connaissais personne ou, du moins, j'en connaissais certains mais de vue, seulement. A vrai dire, le seul que je connaissais était Evan. Et encore, je le connaissais que très peu. C'était un ami de certains de mes amis et même si j'avais pu passer quelques heures avec lui et d'autres amis, on ne s'étaient jamais réellement parler. Enfin, étant de nature très sociable, je n'avais pas mis longtemps à connaître les nouvelles têtes qui composaient ma classe tout en sachant que j'avais mieux appris à connaître Evan, bien évidemment, étant à la base, la seule personne que je connaissais. C'est d'ailleurs en passant cette année dans la même classe qu'on a terminé par devenir de bons amis, rigolant beaucoup pendant les cours – chose que beaucoup de profs nous reprochaient. Enfin, heureusement, j'ai réussi à avoir mon diplôme tout de même en fin d'année.


FLASH-BACK, Anchorage – 2007.
Les années suivantes, j'ai rapidement commencé mes études afin de devenir infirmière. Je ne savais dire pourquoi mais ce métier m'attirait et, en ce même temps, je savais qu'il me plairait. Sans doute car je savais que je ne serais pas cloîtrée dans un vieux bureau toute la journée. Non, à la place, je serais dans un hôpital, entourée de plein de monde. Autant dire que c'était le plan parfait pour moi, puisque je n'aimais pas être seule.
Après le lycée, j'avais continué de voir Evan, lui aussi effectuant ces études à Anchorage. Nous étions toujours amis, plus que jamais, toujours en train de rigoler. On s'entendait vraiment bien, ce qui en était presque déroutant. Bon, n'allez pas croire qu'il n'y avait que lui qui comptait à l'époque, hein. Mais fallait avouer que d'avoir passée une petite année dans sa classe faisait qu'on s'était vachement rapproché. Un peu trop même. C'est lors d'une petite soirée avec d'autres amis qu'on a terminé par coucher ensemble. Allez savoir pourquoi, peut-être qu'au final, j'en avais toujours eu envie.. Ou alors, c'était tout simplement à cause de l'alcool. Rapidement, après la soirée, on s'était retrouvé chez lui, puis, dans sa chambre et arriva ce qui devait arriver.. Si on pouvait dire cela comme ça. Seulement, le lendemain matin, je m'étais retrouvée bien bête. Après tout, je l'avais toujours considéré comme un ami, rien de plus..
Néanmoins, après avoir passé quelques jours à l'éviter, prétextant que mes études me prenaient légèrement plus de temps, j'étais tombée sur lui, au hasard. Autant dire que prétexter une énième excuse pour éviter la conversation gênante aurait été inutile.
Autant j'avais eu l'air gênée, autant Evan avait eu l'air décontracté pendant toute la conversation. Chose qui m'avait fait me sentir encore plus mal, d'ailleurs. Enfin, rapidement, après cela, on s'était tout deux embarqués dans une relation libre, ensemble, décidant qu'aucune attache – si on pouvait dire ça comme ça – ne serait envisagée.


FLASH-BACK, Anchorage – il y a deux/trois mois.
Finalement, la relation libre sans attache prévue il y a quelques années était vite tournée en une vraie relation avec des sentiments et tout le reste. Officiellement, on couchait ensemble depuis 2007, mais on ne sortait réellement ensemble que depuis début 2008, soit quelques mois après notre relation libre. Autant dire qu'on avait été pris à notre propre piège. Mais dans le bon sens du terme. Fallait tout de même l'avouer, notre relation était parfaite, bien que l'on pouvait se disputer.. Et que la sœur d'Evan me détestait aussi.
« Dis Aly, est-ce que tu m'aimes ? » avait soudainement demandé Evan alors qu'on était installé sur son lit depuis de longues minutes, moi feuilletant les pages d'un magasine. Rapidement, ma tête s'était tournée vers lui, le regardant avec une certaine incompréhension. « C'est quoi cette question ? Une question piège ? » « Non.. » « A ton avis, idiot. Bien sûr que oui. » Autant dire que je n'avais toujours pas compris pourquoi il venait de poser cette question. « Non, parce que je parlais avec ma sœur et elle m'a sorti que tu n'étais pas honnête avec moi, que tu ne m'aimais pas, tout ça.. » « En même temps, pourquoi elle irait dire le contraire, hein ? Elle n'attend qu'une chose, que tu me quittes. » « C'est faux, puce, elle veut juste que je sois heureux. » « Ouais, peut-être mais certainement pas avec moi, en tout cas. » « Arrête, elle est pas si méchante, quand même. » Je soufflais, légèrement, cette conversation m'énervant quelques peu. « Alors quoi ? Tu la crois ? » Je le fixais, tandis qu'il venait de baisser la tête. « Je sais pas.. Peut-être. » Ouvrant la bouche, légèrement choquée, je me levais du lit. « Sérieusement Evan ? Tu crois vraiment que je serais restée aussi longtemps avec toi si je ne t'aimais pas ? Trois ans, Evan, trois ans. Mais t'as quel âge bordel, pour écouter ta sœur, comme ça ? » « T'énerve pas comme ça, c'est bon, j'voulais juste savoir. » « Ouais, et bien, la prochaine fois, réfléchis parce que franchement, c'est blessant quand tu insinues des choses du genre. » Puis, sans rien dire, j'avais attrapé mon magasine posé sur son lit et était sortie de sa chambre, me sauvant en vitesse de chez lui. Fallait dire que dans ce genre de situation, mon côté sensible et bornée me portaient préjudices. Et puis, ce n'était pas comme-ci c'était la première fois que l'on se disputait.. surtout à cause de sa sœur.


ET MAINTENANT ?, Anchorage, toujours.
Depuis notre dernière dispute, je ne lui ai pas reparlé. Il a essayé de m'appeler quelques jours après notre accrochage mais je n'ai pas répondu. Ça m'avait vexée, et je ne voulais pas en démordre. Qu'il puisse croire que je me servais de lui ou que je me foutais de sa gueule depuis le début, c'était trop pour moi. Officiellement, nous n'avons jamais réellement rompu mais c'est tout comme. Et le problème, c'est que j'ai beau me dire qu'il a pu me vexer ou que sa sœur sera toujours là pour nous mettre des bâtons dans les roues, je n'arrive pas à passer à autre chose. Les trois années passées à ses côtés étaient tout de même parfaites – ou presque.
Il faut aussi savoir que depuis plusieurs moi, j'ai officiellement terminée mes études et donc, à présent, je travaille en temps qu'infirmière à l'hôpital de la ville. Job qui me convient très bien. Surtout car j'ai beaucoup de présence autour de moi, pour le coup !