Julietta Wildmorth-Hawkins, était une avocate très réputée pour son franc parler et son savoir faire en matière de persuasion. Elle côtoyait tous les genres de personnes, et savait enseigner le droit chemin à ses enfants. Son mari Joshua Hawkins, était un médecin passioné par son métier et qui ne jurait que par ça. De leur union naquit une première fille, au doux nom de Bailey. Puis suivit la petite et dernière, Arizonà-Robyn. Une famille aisée, un cadre familial vraiment chaleureux, de la complicité en veux-tu, en voilà, et du bonheur. De l’amour. De la joie. Jusqu’aux douze ans de Arizonà. « C’est finis, Joshua ! J’en peux plus ! J’emmène mes filles avec moi ! » Jouant à un jeu vidéo, les deux petites ne se souciaient pas le moindre du monde des cris de leur mère, totalement hypnotisées par Mario, leur jeu préféré. Faut dire qu’elles étaient habituées, à force… Ca faisait des mois et des mois que Julietta et son mari se disputaient sans cesse. Pourquoi ? Julietta avait perdu son travail, à cause d’une affaire sans fin qui lui avait valu sa perte d’emploi. A présent au chomage, la famille devait se focaliser sur le revenu de Joshua. Trop de stresse, de débordement d’un coup. Ce fut trop, et la jeune femme prit ses jeunes filles dans les bras et elles partirent, ce soir là, chez leur grand-mère.
« Je veux retourner avec Papa. » Ca avait toujours été ainsi. Arizonà-Robyn avait toujours été plus proche de son père que de sa mère. Peut être parce qu’il était beaucoup moins froid que son épouse. En tout cas, c’était tout le contraire de Bailey qui, elle, ressemblait plus à sa mère. Face à cette décision , Julietta fut bien obligée de laisser la garde de sa dernière à son mari. Et les weekends, une fois sur deux, les deux sœurs se retrouvaient. C’était peu, mais elles ne s’en plaignaient plus à la longue. Pour elles, c’était ainsi, et protester et ne rien dire étaient la même chose. A cause de cela, les deux sœurs sont devnues beaucoup moins proches, et plus elles grandissaient, plus leur rivalité est devenue importante. Celle qui allait réussir à être la plus coquête des deux, celle qui recevait plus de cadeaux à Noël. Des enfantillages qui durèrent jusque très, très longtemps… A dix huit ans, le bac S en poche, Arizonà, très studieuse, se consacra à ses études de médecine, son père lui ayant transmis sa passion pour tout ce qui touche le corps humain. Sauver des vies, c’est-ce qu’elle voulait faire. Elle en était certaine.






« Bailey et Jaxhuem sont heureux de célebrer leur union en votre compagnie ce … Quoi ?! Ma sœur a un copain ?! » « Ma fille va se marier…. » Son père avait soupiré, tandis qu’Arizonà s’était mordillée la lèvre inférieure, déposant un baiser sur la joue de Joshua. « Tu souhaites y aller, Papa ? » Robyn avait vingt deux ans à l’époque, et le seul homme de sa vie était son père. Réellement décidée à construire une carrière importante dans la médecine, elle laissait les amours et les problèmes de côté. Il n’y avait que son père avec qui elle était réellement proche, et ça lui plaisait parfaitement. « Il faut qu’on y aille. C’est vrai, ça fait plus de dix ans, mais si elle nous a invités, c’est parce qu’elle pense encore à nous. » Alors ils y sont partis. Arizonà s’était vêtue de sa plus belle robe, s’était fait de jolies boucles, s’était soigneusement et discrètement maquillée. Elle était radieuse.
En retrouvant sa sœur, elle eut l’impression d’un electrochoc. Bailey avait tellement grandit, était devenue tellement belle, tellement admirable. Des retrouvailles assez gênées, brusquement interrompues par un homme. Les yeux rivés vers sa sœur, Arizonà les avait enfin tournés vers celui qui devait se prénommer Jaxhuem… Et ce fut comme si on lui enfonçait un pieu dans le cœur. Ce dernier fit un bond. Elle eut comme l’impression d’ettoufer, tandis que son regard plongeait dans celui du plus bel homme qu’il lui avait été donné de rencontrer. Il paraissait aussi troublé qu’elle, les yeux rivés vers les siens. Ce fut Arizonà la première qui se ressaisit, les joues rosées et l’air timide. « Vous devez être… Jaxhuem ? Je suis Arizonà-Robyn, la… sœur de Bailey. » Elle avait baissé le regard, trop troublé, tandis qu’il répondait avec un léger sourire. « Vraiment râvie de vous rencontrer. »
Ils se retouvrèrent, plusieurs jours après, alors que durant tout le mariage, ils s’étaient lancés des coups d’œil discrets et perturbateurs. Leur résistance n’a pas duré longtemps, et ce fut dans le lit de Jaxhuem qu’elle se retrouva. Du statut de belle-sœur presque inconnue et toujours absente, elle était passée à la maîtresse d’un très jeune marié. Le pire, c’est qu’elle n’avait jamais ressentit cela : une attirance aussi puissante, aussi sexuelle que physique. C’était bel et bien quelque chose de fou, d’improbable pour elle. Et ca dura deux ans. Deux ans de bonheur partagé, d’amour et de fusion. Ils s’aimaient. Comme des fous. Mais Jaxhuem avait beaucoup trop d’estimes pour sa femme qu’il ne lui dit jamais la vérité. C’est elle qui s’en rendit compte. Et elle fut au bord de la demande de divorce quand la vérité éclata. Jaxhuem, trop respectable envers Bailey, décida de passer les mois qui suivent à tenter de se pardonner, et il reussit. Pendant ce temps-là, Arizonà décida de s’envoler pour l’Italie, complétement abbatue. Il la retrouva même à l’aéroport, avant son départ, et ce fut elle qui acheva tout ce qu’ils avaient construit. « C’est terminé. » avait-elle dit, enfin, alors qu’elle sanglotait. Elle partit alors à Venise, dans l’espoir d’oublier celui qu’elle aimait plus que tout. Et ce fut dur, très, très dur.

Venise fut comme elle quelque chose de magique et d’incroyable. Cette ville était tout ce qu’elle avait pu rêver, et elle ne mit pas longtemps à se faire des amis. Elle rencontra Julia, une jeune femme de son âge, un tempérament de feu et un caractère disons… merdique. A son arrivée en Italie, Arizonà était cette petite brune, qui paraissait si frêle, si fragile, si douce. Presque timide. Pourtant, une grande amitié se développa entre les deux demoiselles, et ce fut à Julia que Robyn se confia pour la première fois de tout ce qu’il s’était passé à Anchorage. « Tu comptes rester comme là longtemps ma pauvre chérie ? » Se préparant pour une soirée, Julia s’était tournée vers Arizonà, allongée sur le lit de sa colocataire, fixant avec lassitude la peluche que ne quittait plus son amie. Elle releva les yeux et soupira. « J’ai pas envie de sortir, ce soir. » « Ca fait deux mois que t’es arrivée à Venise, et tu me sors toujours ton ’pas ce soir’ habituel. Tu es terriblement nianian, tu le sais ça ? Allez, ce soir, je m’occupe de ton cas. Va prendre ta douche, on va s’amuser ! » Arizonà allait protester, mais vu le caractère borné de sa colocataire, elle finit par se lever sans dire un mot, filant sous la douche, pour une soirée des plus arrosées.
Les rencontres que fit Arizona à Venise changea littéralement sa façon d’être. Elle n’était plus cette petite fille à papa, qui n’avait que ses études de médecine en tête. Elle était devenue une femme de vingt six ans, qui possédait un caractère encore plus fort que Julia. Terriblement têtue, bornée, caractérielle, presque garce, Arizonà passa de la plus simpliste des femmes à quelqu’un d’orgueilleux, mais d’incroyablement touchant. Son séjour à Venise dura deux ans. Deux ans loin de ce qu’elle appelait autrefois l’homme de sa vie. Elle pense encore à lui, mais son principal but en revenant à Anchorage n’est pas de le voir, mais de retrouver sa ville natale. Parce qu’elle lui manque, réellement. Et parce qu’il lui manque, tellement.